minami guchi

Le retour n'est jamais certain...

Il aurait pu se passer mille choses, comme une panne de tous les avions du monde en même temps, un tsunami, la Terre qui percute une météorite grosse comme Jupiter ou l'immigration Française qui dans sa paranoïa anti-clandestin aurait détecté dans mon chignon un signe Hispanique un peu trop prononcé me donnant une gueule pas assez Bessonienne. Non, mais non, rien. Un avion pris dans les turbulences atmosphériques mais s'en riant comme de son premier litre de kérozène. Et en plus il a atterri.
Revoir la France alors qu'on est parti dans un autre monde très différent fait mal. Vraiment. Sarkozy partout, intelligence nulle part, des flics armés, des militaires équipés de Famas, ce fusil si Français, tellement hight tech et tellement si cher et fragile que personne n'en veut. De toute façon rien ne vaut une Kalachnikov Chinoise. Mais tout de même, les gens savent-ils quel type de dégât une balle bi-sonique de Famas occasionne sur un être vivant pour ne pas être inquiets de voir un fantassin de l'armée de l'air en arborer un sur sa poitrine, dans un lieu public, avec l'air aussi con que ses rangers sont lustrées ?

Pendant dix jours, je n'ai vu que cinq flics dans les rues de Tokyo, le seul qui avait autre chose que sa politesse en bandoulière, était posté sur une estrade à l'aéroport de Narita.

La France c'est le pays des gares TGV en béton, grises, froides, aussi mortes que le siècle des Lumières dont on se gargarise dans les média de masse. Ca fait toujours bien quand on est un politique de faire référence à quelque chose dont la plupart des citoyens de ce pays n'ont jamais entendu parlé. Je rentre d'un pays où couleur n'est pas un mot, mais une attitude, une forme de conscience, où le graphisme est en tout, où paradoxalement tout est à échelle humaine si on excepte le délire à ciel ouvert que représente Shibuya.

La France, sa mère, putain de bordel de merde ambulant, et son organisation omni-absente, où tous ses fonctionnaires, bientôt autant de souvenirs que feu le service public, ne sont pas foutus de lire un mail leur annonçant la prise en charge d'une personne à mobilité réduite. Nous venons d'un pays où la simple vue d'une personne en fauteuil roulant déclenche un branle-bas de combat mobilisant autant d'hommes et de femmes plus que nécessaires d'un bout à l'autre du pays s'il le faut. De la politesse, de la délicatesse, de l'attention données comme ça au premier venu, sans aucune contre-partie, PUTAIN!!!!

La France et sa cohorte de petits boulots payés au lance-pierre engendrant la connerie la plus crasse jusque dans les relations humaines de base. Bonjour, merci, au revoir, autant de mots de vocabulaire absents du lexique des emplois de services ici.

Dix jours sans tension, sans devoir surveiller devant, derrière, sur les côtés, sans se demander si le gros 4X4 va passer au rouge et nous rouler dessus.

Le choc culturel, je l'ai eu au retour dès l'aéroport, dans mon pays de naissance, un inconnu.

Je vais mettre du temps à digérer ce retour, à reprendre le train train quotidien dans un pays noyauté par la connerie jusqu'au sommet. Un pays pas foutu d'élire une femme parce qu'elle est femme et préférant un énervé complexé dans tous les sens sous prétexte qu'il donne l'impression de savoir où il va. Un moyen comme un autre de cacher sa mysogynie. Non pas que la gourde du Poitou ait eu un meilleur programme. Mais justement, puisqu'elle n'en avait pas plus ni moins que l'autre, qu'est-ce qui a justifié la mise au pouvoir d'un despote en puissance ?

Pauvre France, impuissante, malade jusqu'à en crever - et c'est pour bientôt - de son passé Vichyste pas réglé, toujours prête à se rouler avec délectation dans la fange, la merde, le vomi, et à s'en repêtre pour le chier et s'en repêtre encore et encore.

Il faut en sortir pour se rendre compte de ce qu'est devenue la France, un pays qui donne tous les signes du fascisme et de l'affrontement interne imminent.

J'y suis revenu mais je l'ai déja quitté, et je finirai par aller si loin que revenir ne sera plus possible.

Putain...